Régulièrement prise pour cible en Afrique, comme à Ouagadougou ce vendredi, la France a engagé d’importants travaux et mobilisé policiers et gendarmes d’élite pour protéger ses enceintes.
Plus que jamais, la vigilance est de mise pour la France en Afrique. Cela vaut pour ses ressortissants, cibles de prises d’otages, pour ses entreprises et les expatriés qu’elles mobilisent, pour tout un ensemble d’institutions mais aussi et surtout pour ses représentations diplomatiques. L’attaque de Ouagadougou de ce vendredi, dont l’ambassade de France était une cible privilégiée, est une preuve patente de la volonté des djihadistes terroristes d’attaquer la France sur tous les terrains. Il s’agit là de l’illustration de la volonté des groupes djihadistes de traduire dans les faits leur volonté de viser les intérêts français au Sahel et en Afrique de l’Ouest et ce, pour se venger des dégâts que l’opération Serval au Mali en 2013, puis l’opération Barkhane en cours a pu leur causer sur les différents terrains d’opération disséminés à travers toute cette zone.
Le cas de la représentation de Ouagadougou
L’ambassade française à Ouagadougou était protégée vendredi, selon une source proche du dossier, par quatre policiers et deux gendarmes, qui sont parvenus à repousser les assaillants. La doctrine en place semble avoir bien fonctionné ce vendredi à Ouagadougou.« C’est la défense en cercles concentriques : multiplier les mesures de filtrage, du plus large jusqu’au dernier cercle, qui est celui de l’ambassadeur », explique Frédéric Gallois, ancien patron du GIGN.
Le cas de Ouagadougou rappelle un autre événement qui a eu lieu à Bamako en janvier janvier 2011. Un Tunisien de 25 ans qui, selon les policiers maliens qui l’avaient arrêté « avait la haine de la France », avait fait exploser une grenade dans la rue menant à la représentation française dans la capitale malienne, sans faire ni victime ni dégâts. Un avertissement dont la France a depuis tiré les conséquences. « Heureusement que, au moins pour l’instant, les agresseurs au Sahel n’ont pas les compétences et les moyens d’action acquis sur les théâtre d’opération en Irak et surtout en Afghanistan », indique Frédéric Gallois, « sinon ce serait une catastrophe ».
Quoi qu’il en soit, la conséquence sur le terrain est qu’à côté de cibles qualifiées de « molles » dans le jargon militaire, comprenez les écoles, les commerces ou les restaurants assimilés par les agresseurs à la France ou à l’Occident honni, les ambassades, consulats et centres culturels français dans la région sont de plus en plus barricadés.
Un dispositif pensé pour une sécurité optimum
Suivant les recommandations d’experts, notamment membres du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) ou du Raid (forces d’intervention de la police), les murs d’enceinte des représentations françaises ont été élevés et renforcés, équipés de miradors et de postes de tir. Les entrées ont été dotées de sas blindés, les rues menant aux entrées ont été fermées à la circulation par des postes de contrôle des polices ou armées locales, chargées des premiers contrôles. « La prise de conscience remonte quasiment au 11 septembre 2001 », a confié à l’AFP Frédéric Gallois. « Le Quai d’Orsay a pris conscience de la vulnérabilité des ambassades dans certaines régions et a créé une sous-direction de la sécurité des emprises diplomatiques, auprès de laquelle des membres du GIGN et du Raid sont détachés », a-t-il ajouté. « Un plan de renforcement a concerné les ambassades les unes après les autres, ça a duré une dizaine d’années, pour s’assurer que l’ensemble d’une organisation de sécurité soit mise en place autour des ambassades les plus sensibles », a-t-il conclu. De fait, le GIGN a détaché auprès du ministère des Affaires étrangères trois cent militaires appelés Gardes de sécurité diplomatique (GSD) ou Chefs de sécurité opérationnels (CSO). Ils sont affectés à l’étranger pour une durée moyenne de 4 ans et assurent la sécurité de 93 postes diplomatiques, dans 85 pays distincts.