Selon BFMTV, un rapport confidentiel du Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale propose de supprimer les militaires statiques de l’opération Sentinelle au profit de patrouilles mobiles.
10.000 militaires déployés en permanence sur le territoire pour assurer la sécurité des sites sensibles. Un budget d’un million d’euros par jour, selon le ministre de la défense Jean-Yves Le Drian. L’opération «Sentinelle», coeur du plan Vigipirate lancé juste après la tuerie de Charlie Hebdo, fait aujourd’hui débat. BFM TV révèle le contenu d’un rapport confidentiel du Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), service dépendant de Matignon, qui préconise plusieurs pistes pour faire évoluer le système.
Supprimer les gardes statiques
Le rapport que s’est procuré BFM et qui avait été remis à Manuel Valls en début d’année recommande notamment l’abandon des gardes statiques, qui feraient des militaires des cibles de choix pour d’éventuels terroristes. Il s’agit de généraliser plutôt les patrouilles mobiles pour «renforcer le caractère aléatoire de la surveillance, créer l’incertitude chez les terroristes.»
Consacrer plus de temps à l’instruction
Autre problème que soulève l’opération Sentinelle: la perte du temps normalement consacré à l’instruction des militaires. En 2015, l’armée a consacré 40 à 50 % de son temps à la projection intérieure, alors qu’elle n’y consacrait que 5 % avant l’activation de l’opération. Autant d’heures perdues pour l’entraînement et la formation des soldats. Alors qu’elle doit consacrer 90 jours par an à la préparation opérationnelle, l’armée de terre n’en aura consacré que 64 en 2015, rappelle BFM TV. Avec «Sentinelle», les militaires «redoutent ce qu’ils perçoivent à terme comme une inévitable perte de certaines de leurs compétences techniques, nécessaires à leur engagement opérationnel», relevait déjà un rapport récent du Haut Comité d’évaluation de la condition militaire (HCECM). Pointant ce caractère chronophage de l’opération, le rapport plaide pour un rééquilibrage en faveur de l’instruction.
Donner aux militaires un pistolet automatique
Aujourd’hui, les militaires qui patrouillent dans les rues, sont armés de fusils d’assaut de type Famas, ce qui est certes dissuasif mais d’usage risqué. Le rapport propose donc d’adapter l’armement des militaires à des rondes au milieu des civils, en les dotant en plus de pistolets automatiques, armes qui seraient moins sujettes aux dommages collatéraux.
Le rapport prône également une meilleure coordination entre militaires et policiers, que ce soit à travers une mutualisation de la surveillance des sites sensibles ou bien davantage de coopération entre eux lors des attentats.
Au sein du SGDSN, on indique que «toutes les propositions évoquées par le rapport ont été prises en compte depuis». De nombreux experts et responsables militaires plaident par ailleurs pour un réaménagement de l’opération Sentinelle. Comme l’avocat et président du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure Thibault de Montbrial, dans Le Figaro, il y a quelques jours: «Question sécurité, l’opération «Sentinelle» ne paraît plus adaptée à la nature de la menace ni à sa durée, puisque les capacités de l’armée de terre à remplir ses missions naturelles sont largement affectées par cette mobilisation», disait l’avocat spécialiste de sécurité intérieure. Il plaidait pour «renforcer la sécurité armée dans les lieux publics et les zones sensibles, notamment les zones industrielles de type Seveso». Il y a deux semaines, Le Figaro annonçait par ailleurs que l’opération pourrait être abandonnée en 2017, d’après des sources du ministère de la Défense.