Le narcotrafic en France

Le narcotrafic en France
18 août 2024 Olivier Debeney

Le narcotrafic en France : Rapport des sénateurs Jérôme Durain et Etienne Blanc


L’émergence de produits nouveaux et la banalisation des drogues dures [1]

Jamais la drogue n’a été autant produite dans le monde, jamais elle n’a été autant distribuée.

  • 3ème activité dans le monde après le pétrole et l’alimentaire.
  • 1ère activité criminelle selon l’ONU, ce qui représente 8% du commerce mondial.

Le secteur de la drogue générerait en France environ 3 milliards d’euros par an et impliquerait 240.000 personnes pour le seul trafic de cannabis.

Le cannabis

Le cannabis reste de loin la drogue la plus répandue dans le monde : 219 millions de personnes (soit 4,3% de la population mondiale) en ont consommé en 2021, contre 192 millions en 2018.

C’est davantage que toutes les autres drogues réunis.

La cocaïne

Le phénomène le plus marquant des dix dernières années est l’explosion du trafic de cocaïne. Le constat de l’ONUDC est sans appel :

“Le monde connaît actuellement une augmentation massive et prolongée de l’offre et de la demande de cocaïne.”

Depuis 2015, les saisies mondiales sont en augmentation constante.

Il y a 3 grands pays producteurs (plus de la moitié de la cocaïne mondiale) : le Pérou, la Colombie et la Bolivie.

Les drogues de synthèse

Elles sont fabriquées sans matières naturelles et peuvent ainsi être produites près du lieu de consommation. Elles ne nécessitent pas de compétences particulières ni d’installations lourdes.

Au total, 897 nouvelles drogues de synthèse ont été répertoriées au niveau européen.

L’Europe, en particulier l’Europe de l’Est, les Pays-Bas et la Belgique, est devenue un lieu de production où sont implantés des dizaines de laboratoires clandestins.

Un blanchiment tentaculaire

3,5 milliards d’euros au minimumsont générés chaque année par le narcotrafic et échappent aux autorités, révèle le ministre de l’Économie et des Finances.

Un phénomène qui touche désormais l’intégralité du territoire national

Le narcotrafic a gagné les villes petites et moyennes et les zones rurales.

Certaines zones sont submergées par une arrivée massive de cocaïne. Le port du Havre et les outre-mer (Guyane et Antilles notamment) sont particulièrement exposés.

L’OCLCO estime qu’entre 80% et 90% du nombre total des règlements de comptes, des meurtres et des tentatives de meurtres entre délinquants s’expliquent par des différends liés au trafic de stupéfiants.

La population est de plus en plus jeune et nombreuse sur les points de deal. Les mineurs occupent une place importante dans cet écosystème.

L’incarcération des trafiquants ne suffit pas à mettre un terme à l’activité délinquante de beaucoup d’entre eux.

La lutte contre le narcotrafic

Une coopération internationale défaillante

Il subsiste des “trous noirs”, des États non coopératifs que le droit international ne permet pas de contraindre.

Des blocages persistent avec des interlocuteurs comme le Maroc ou encore les Émirats Arabes Unis.

La coopération est mieux engagée du côté européen grâce aux agences Europol et Eurojust, deux acteurs efficaces de coopération policière et judiciaire.

Des territoires d’outre-mer abandonnés par l’État

Des services sont sous dotés avec des effectifs loin d’être suffisants pour faire face à l’intensification du trafic de stupéfiants et face à la violence qui en résulte. Les outils utilisés et les moyens accordés sont clairement insuffisants.

Sur un vol provenant de la Guyane ou des Antilles en direction de la métropole, la moitié des passagers peuvent être des passeurs.

Des contrôles sur 100% des vols, ce qui avait pourtant été recommandé par le Sénat en 2020, n’ont été mis en place qu’en 2022, soit 20 ans après que les Pays-Bas ne l’aient fait pour les vols en provenance du Suriname. [2]

Entre leur mise en place et le 31 janvier 2024, ils ont permis la saisie d’une tonne de cocaïne transportée par 680 “mules”.

 


Sources

[1] Rapport de la commission d’enquête du Sénat sur l’impact du narcotrafic en France et les mesures à prendre pour y remédier, 14/05/2024

 

[2] Rapport du Sénat Mettre fin au trafic de cocaïne en Guyane : l’urgence d’une réponse plus ambitieuse, 2020